Au fil des années, Katmandou est devenue une ville tentaculaire où l’urbanisme galopant semble remplir le moindre espace libre. C’est pourtant dans ce méli-mélo de constructions hétéroclites que se niche un véritable musée à ciel ouvert, avec plus de 3000 temples, palais et pagodes, dont sept classés au patrimoine mondial de l’Unesco, qui se repartissent sur les 600 km2 de la vallée formant la plus grande concentration en monuments de toute l’Asie. 5h du matin, Katmandou s’éveille au tintement des cloches. C’est l’heure où les fidèles de toutes confessions font la tournée des temples. Gracieuse silhouette en sari écarlate boîte à offrande en main, vénérable homme chapeau traditionnel vissé sur la tête, jeune employé de banque en costume cravate… chacun repart béni, le front estampillé d’une poudre rouge, la tikka, et le sommet de la tête garni de pétales de fleurs. Au trop classique jogging du matin, les Népalais préfèrent s’adonner au rite de la puja, offrande religieuse pour honorer Ganesh, Shiva, Vishnou, Bouddha, ou l’une des 33 millions de divinités du panthéon hindou, histoire d’entamer la journée du bon pied. Pour le photographe que je suis, c’est également l’heure idéale pour attaquer ma journée et pour capter l’intemporalité de la vie spirituelle népalaise, que ce soit dans des temples hindous ou bouddhistes. Le Népal a bien sûr changé depuis 40 ans que je le fréquente, mais mes ballades matinales dans la vallée de Katmandou sont immuables tant les scènes qui se jouent sous mes yeux semble sortir d’une époque révolue. Vers 8/9h, lorsque le brouhaha s’installe, que la foule emplie les rues, que les touristes commencent à déambuler dans la ville et dans les temples, smartphone en main, le charme se rompt doucement… Photographies argentiques en Noir et Blanc