À Oulaan-Bator, la capitale mongole, les fillettes sont contorsionnistes comme ailleurs danseuses en tutu. Elles ont entre 5 et 15 ans et rêvent des plus grands cirques du monde. Le prestigieux Mongolian State Circus créé par les Russes dans les années quarante forme la majorité des artistes qui se produisent sous les lumières des chapiteaux du monde entier. La sélection pour accéder aux cours est très rigoureuse, la formation à l’art de la contorsion est épuisante et demande des années de sacrifice, mais pour les plus doués c’est l’espoir d’une vie meilleure loin d’un pays ou l’économie est vacillante. Si l’engouement est grand, rares seront les élus qui pourront gagner leur ticket d’entrée dans un cirque prestigieux. Chaque année les prétendants sont plus nombreux et des écoles voient le jour dans de nombreux quartiers de la ville où d’anciennes contorsionnistes enseignent leur art avec passion. Peu de garçons se tournent vers cette discipline de souplesse, ils s’orientent plutôt vers la lutte ou le trapèze. Les fillettes s’entraînent par catégorie d’ages dans des petites salles attenantes au cirque. Elles se plient et se déplient comme si elles n'avaient pas de colonne vertébrale, jusqu’à la limite de la souplesse du corps humain. Les cours se succèdent tout au long de la journée et dans les couloirs qui tiennent lieu de vestiaires, les rires et les jeux contrastent avec la concentration et le sérieux qui règnent dans les salles. La durée des cours varie selon les niveaux de 2 à 5 heures par jour. Madame Norovsambuu, une des professeurs les plus renommées de Mongolie, aide une élève à se plier à l’extrême comme si elle était en caoutchouc. Après avoir brillé dans les cirques du monde entier cette enseignante voue toute son énergie à transmettre son art. Elle déclare qu’environs 40% des élèves renoncent avant la fin de la première année mais ceux qui passent ce cap parviennent jusqu’au diplôme décerné après 5 années de cours intense. Dans le gymnase d’une école d’un quartier de yourtes de l’ouest de la ville, les fillettes revêtues de leur tenue de scène répètent leur numéro avant une compétition nationale ou elle devront concourir face à des enfants d’autres écoles. Ces fillettes des quartiers pauvres de la capitale ne rêvent que d'une chose : partir et briller sous les chapiteaux du monde entier. Photographies réalisées sur film argentique N&B