D’étranges monolithes en granit gravés de cerf ou aux formes humaines atteignant parfois 3 mètres de hauteur dressés tels des soldats de pierre viennent régulièrement rompre la solitude des steppes infinies. Parsemés dans toute l’Asie centrale, de la Sibérie au Kazakhstan, ces stèles témoignent de la spiritualité et de l’art funéraire des peuples de la steppe depuis l’âge de bronze jusqu’à des périodes plus récentes. Une grande partie de cet art majeur se concentre sur le territoire mongol où plus de 900 pierres à cerfs ont été répertoriés à ce jour. Érigées sur des lieux cultuels ou autour de sépultures, parfois disposés en groupe, ces pierres sont souvent gravées de cerfs stylisés. Munis d’un long bec et de bois qui s’étirent telles des ailes d’oiseau, les cerfs guident l’âme du défunt dans son voyage vers le ciel où résident les esprits. Les cervidés ont toujours été très vénérés par les peuples de la steppe et sont omniprésents aussi bien dans l’art rupestre des Turco-Mongols de la Sibérie que dans l’art des cavaliers Scythes de l’Altaï. Un autre style de stèles représentant des guerriers de pierre figés à jamais, les balbals, semble garder la steppe depuis des siècles.